La photo du Lundi: derrière cette photo, un désastre
- Xavier Lucas
- 24 févr.
- 2 min de lecture
La photo du lundi est souvent une invitation au voyage, à l’évasion, une fenêtre ouverte sur des paysages lointains et des instants suspendus. Cette fois-ci, derrière l’apparente tranquillité de l’image, se cache une réalité plus sombre, une menace silencieuse qui grignote peu à peu ce paysage majestueux.

Un lieu hors du temps menacé
Lors de mon séjour au Sénégal, j’ai eu la chance de poser mes valises à l’écolodge du désert de Lompoul. Un lieu hors du temps, où les dunes dorées s’étendent à perte de vue et où le silence du désert apaise l’esprit. Pourtant, derrière la beauté brute de cet endroit, se joue un drame écologique de grande ampleur.
Le Désert de Lompoul est en train de disparaître sous les assauts d’une exploitation minière intensive, menée par la société Grande Côte Opérations (GCO), filiale du groupe français Eramet. L’extraction du zircon, un minerai utilisé notamment dans l’industrie aéronautique et céramique, entraîne la destruction des terres, l’appauvrissement des sols et la contamination des nappes phréatiques. Là où le vent façonnait librement les dunes, des excavatrices creusent aujourd’hui des cicatrices béantes.
Des conséquences désastreuses pour les habitants
En discutant avec les habitants, j’ai découvert l’ampleur du désastre. Les campements touristiques ferment les uns après les autres, privant les familles locales de leurs principales sources de revenus. Certains guides et artisans, autrefois fiers de partager leur culture et leur savoir-faire, se retrouvent sans travail, obligés de chercher des alternatives précaires.
L’agriculture locale s’effondre également, car les sols deviennent stériles sous l’effet des pollutions minières et du bouleversement des écosystèmes. Des cultivateurs témoignent de récoltes de plus en plus faibles, menaçant la sécurité alimentaire de la région. L’eau, précieuse dans ces zones arides, est désormais contaminée par les résidus d’exploitation, aggravant la situation sanitaire.
Les maladies respiratoires se multiplient, notamment chez les enfants et les personnes âgées, en raison de la poussière soulevée par les opérations minières. L'air, autrefois pur et vivifiant, est devenu un vecteur de maladies. Ce désert, qui était un refuge, un patrimoine naturel et une source de vie, est peu à peu défiguré au nom du profit, laissant derrière lui un paysage meurtri et des populations démunies.
Une photographie comme témoin
Ma photo capture un instant figé, un moment où le désert semble intact et fait encore rêver. Mais pour combien de temps encore ?
À travers cette image, j’espère sensibiliser à la fragilité de ces paysages et à la nécessité de protéger ces espaces uniques avant qu’ils ne deviennent qu’un souvenir.
Si vous voulez en savoir plus sur cette catastrophe, voici quelques sources de documentation:
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